Alphonse de Lamartine
Né à Mâcon en 1790, il devient l’une des figures majeures du Romantisme en France avec la publication des Méditations poétiques en 1820. Alphonse de Lamartine est également un des hommes forts de la révolution de 1848.
Engagé dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort, défenseur de la liberté de la presse, il devient ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire de 1848. Son échec, quelques mois plus tard à la présidence de la République face à Louis Napoléon Bonaparte puis le coup d’état de 1851 signeront son retrait de la vie politique.
Alphonse de Lamartine décède à Paris en 1869.
Une jeunesse en Saône-et-Loire
Alphonse Marie Louis de Pratz de Lamartine est un écrivain et homme politique français né à Mâcon le 21 octobre 1790.
Aîné et unique garçon d’une famille de six enfants, il passe une enfance simple et heureuse à Milly. Il suit sa scolarité chez les Jésuites à Belley dans l’Ain. Jeune aristocrate à la vie dissipée, rêveur et souvent en proie à l’ennui, il aspire à une carrière diplomatique. Cependant, appartenant à une famille royaliste, il refuse d’accéder à des fonctions politiques sous le règne de Napoléon 1er.
Installé chez ses parents à Milly, Lamartine trompe son ennui au cours de longues promenades dans la campagne de Saône-et-Loire, autour de Milly et de Saint-Point. Il décrira longuement cette nature chère à son cœur dans son œuvre poétique.
Portrait de Julie Charles
1811-1820 un long début de carrière
Cette oisiveté est propice à l’écriture et le jeune homme d’une vingtaine d’années sent déjà s’affirmer sa vocation poétique, éveillée au collège de Belley.
Voyageant en Italie de 1811 à 1812, il fait à Naples la rencontre amoureuse d’Antoniella, une employée de la manufacture des tabacs dirigée par un cousin de sa mère. Il l’évoquera dans Graziella. L’influence de ce voyage sera décisive.
Après la chute de Napoléon, le retour de Louis XVIII lui ouvre de nouvelles opportunités. Aussi en 1815, il entre brièvement au service des gardes du corps de la Maison du Roi. Il démissionne rapidement de cette charge qui l’ennuie avant d’émigrer en Suisse pendant les Cent jours.
En cure à Aix-les-Bains, il rencontre en 1816 Julie Charles, femme du physicien illustre, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. Elle deviendra sa muse. Une brève idylle se noue entre eux mais Julie Charles souffre de la tuberculose et meurt brutalement, alors qu’elle devait rejoindre Alphonse sur les bords du lac du Bourget. Cette passion tragique lui inspirera notamment le poème L’isolement et ce vers si célèbre : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ».
1820, le triomphe des Méditations poétiques et la naissance du Romantisme
En 1820, il épouse Mary-Ann Birch, fille d’un major anglais fortuné, apparenté aux Churchill. Pierre de Lamartine, son père, lui offre en cadeau de mariage le château de Saint-Point qui deviendra sa demeure familiale. Parallèlement, son succès poétique lui ouvre les portes de la diplomatie. Il passera six années dans les ambassades italiennes et ne reviendra en France qu’en 1826.
Le château de Saint-Point avant l’agrandissement de 1853
Publiées la même année que son mariage, les Méditations poétiques remportent un succès considérable et provoquent l’admiration de toute une génération, de Victor Hugo à Sainte-Beuve.
Les Méditations sont considérées comme le premier succès littéraire des romantiques en France. Ce fut, dit plus tard Sainte-Beuve « une révélation ». La poésie d’Alphonse de Lamartine, par son intense expressivité, renouvelle le champ d’une poésie française rendue rigide par la fixité des normes classiques. Il s’éloigne d’une poésie classique intellectuelle pour donner libre cours à son imagination et à sa sensibilité. Il utilise pour la première fois la première personne du singulier pour exprimer directement ses émotions les plus intimes. Il compose ainsi des paysages qui reflètent ses états d’âmes, et ses poèmes traitent des thèmes chers aux romantiques : la fuite du temps, la mélancolie, le mal de vivre, l’exaltation de l’amour, le divin et la nature comme refuge.
Ses lectures de jeunesse, comprenant Chateaubriand, Madame de Staël, Goethe et Byron, le prédisposaient à rejoindre la génération romantique. Il confirme sa vocation de poète lyrique en publiant les Nouvelles Méditations poétiques (1823), La Mort de Socrate (1823) et les Harmonies poétiques et religieuses (1830). En 1830, à 40 ans, il est élu à l’Académie française.
L’engagement politique républicain
À partir de 1830, Alphonse de Lamartine quitte la diplomatie qui ne lui apporte pas les succès espérés et se consacre à la vie politique.
Il ressent son implication sur le plan politique comme une nécessité et écrit ainsi dans l’Ode à Némésis : « Honte à qui peut chanter tandis que Rome brûle ! ».
En 1831, il publie une brochure politique, Sur la politique rationnelle, dans laquelle il expose sa pensée politique. Ses idées sont nouvelles et audacieuses pour l’époque : défense de la liberté de la presse, liberté et gratuité de l’enseignement, séparation de l’Église et de l’État, suffrage universel, abolition de la peine de mort pour raison politique et de l’esclavage…
En 1832, après sa défaite aux élections législatives, il entame un grand voyage au Proche-Orient. À Beyrouth, Alphonse de Lamartine a la douleur de perdre sa fille Julia, âgée de dix ans, atteinte de la tuberculose.
Sur le chemin du retour, en 1833, il apprend qu’il a été élu député de Bergues. Il deviendra tour à tour député de Bergues, de Mâcon et du Loiret.
En décembre 1834, il fait partie des fondateurs de la Société française pour l’abolition de l’esclavage. Il continue d’écrire et publie Jocelyn en 1836, La Chute d’un ange en 1838.
L’homme politique de 1848
À partir de 1840, il abandonne la poésie pour se consacrer entièrement à la politique. La publication de l’Histoire des Girondins en 1847 témoigne de cet engagement. Il est devenu un puissant orateur de l’assemblée, opposant redoutable à la monarchie de Louis-Philippe. Imprégné des idées libérales du temps, sensible au sort du « prolétariat » créé par la société industrielle, le légitimiste de 1820 évolue peu à peu et finit par rejoindre le camp des Républicains avant même la révolution de février 1848.
Après la chute de Louis-Philippe et lors de la proclamation de la Seconde République, Lamartine fait partie de la Commission du gouvernement provisoire et devient ministre des Affaires étrangères de février à mai 1848. Si le gouvernement est nominalement présidé par Dupont de l’Eure, Lamartine en est l’homme fort.
Le 25 février 1848, sur les marches de l’Hôtel de Ville, il arrête les émeutiers et fait rejeter le drapeau rouge au profit du drapeau tricolore, qui désormais, ne sera plus contesté comme emblème national.
« Le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec la République et l’Empire, avec vos libertés et vos gloires, […] le drapeau rouge n’a fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple. », a-t-il déclaré.
Les premières mesures gouvernementales sont directement issues des idées défendues par Lamartine les années précédentes : le droit au travail, l’abolition de la peine de mort politique, la liberté de presse et de réunion, le suffrage direct et universel masculin puis l’abolition de l’esclavage dont le décret sera signé le 27 avril 1848.
Quelques semaines plus tard, les « journées de juin » font écrouler son prestige. En décembre, lors de l’élection pour la présidence de la République, les Français ne lui accordent que 0,23% des voix et élisent triomphalement Louis Napoléon Bonaparte, avec 74% des suffrages.
Peu de temps après cet échec, Lamartine se retire de la scène politique, avec un sentiment d’amertume.
1848-1869 Les « travaux forcés littéraires »
Dans la dernière partie de sa vie, il doit faire face à de préoccupants problèmes financiers. Malgré des revenus considérables, Alphonse de Lamartine s’est révélé piètre gestionnaire, ce qui l’a contraint à écrire toujours plus pour combler ses dettes. Ses difficultés financières étaient aggravées par les rentes trop importantes qu’il s’obligeait à verser à ses sœurs, en compensation des propriétés reçues en héritage.
Contraint aux « travaux forcés littéraires » selon ses propres termes, il écrit continuellement et dispense, à partir de 1856, un Cours familier de littérature à des abonnés, créant un des premiers systèmes d’abonnement littéraire.
À bout de force, il accepte de la ville de Paris la concession d’un chalet à Passy où il s’éteint le 28 février 1869.
Il est enterré à Saint-Point, conformément à ses volontés.